L’ampleur du TDAH dans le monde
Statistiques et Impact global :
Voici quelques statistiques clés concernant le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) à travers le monde et son impact :
« Troubles du sommeil chez l’enfant TDAH : Cause ou Conséquence? »
Le point de vue de la Neurothérapie Intégrative
- Prévalence mondiale : Selon une étude globale, la prévalence du TDAH chez les enfants de moins de 12 ans varie entre 6,1 % et 9,4 %. Cela signifie que près d'un enfant sur dix dans cette tranche d'âge peut être diagnostiqué avec le TDAH. En Amérique du Nord, notamment aux États-Unis, la prévalence atteint 11 % des enfants en âge scolaire. Au Canada, elle est estimée entre 5 % et 9
- Augmentations des diagnostics : Les taux de diagnostic ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies, notamment aux États-Unis. Par exemple, entre 1997 et 2016, la prévalence du TDAH chez les enfants américains est passée de 6,1 % à 10,2 %. Ce phénomène est attribué à une meilleure sensibilisation, une amélioration des méthodes de diagnostic, mais aussi à des facteurs génétiques et environnementaux.
- Impact sur la scolarité et la vie sociale : Le TDAH peut avoir un impact majeur sur les performances scolaires, notamment en termes de concentration, d’attention et de gestion du comportement en classe. Il est également fréquent que des enfants atteints de TDAH rencontrent des difficultés à maintenir des relations sociales harmonieuses. Environ 78 % des enfants diagnostiqués avec le TDAH présentent également un trouble coexistant, comme l'anxiété, les troubles de la conduite ou la dépression, ce qui complique davantage leur parcours scolaire et social.
- Une perspective sociétale : Le TDAH est-il uniquement une question médicale et psychiatrique, ou reflète-t-il une diversité de fonctionnement humain dans un monde en mutation rapide ?
- Diversité des modes de fonctionnement : Il est important de souligner que certains spécialistes remettent en question la vision purement pathologique du TDAH. Selon eux, des traits associés au TDAH, comme l'hyperactivité, l'impulsivité, et l'inattention, pourraient être mieux compris comme des variations naturelles du comportement humain. Ces traits pourraient avoir été avantageux dans des contextes historiques ou préhistoriques, où une réactivité rapide ou une capacité à traiter simultanément plusieurs informations étaient nécessaires pour la survie.
- Une réponse à un monde en mutation : Dans le contexte d'un monde moderne qui exige une attention soutenue et des performances élevées, le TDAH pourrait aussi être vu comme une réaction au mode de vie contemporain. L'augmentation des diagnostics pourrait être liée aux attentes croissantes en matière de rendement scolaire et professionnel, et à un environnement qui favorise une organisation rigide et disciplinée, où les comportements plus spontanés ou non linéaires sont perçus comme déviants.
- Les mutations sociétales et technologiques : Les changements rapides induits par la technologie, tels que la prolifération des écrans et l'hyperconnectivité, ont un impact direct sur la capacité de concentration et d'attention des enfants et des adultes. Certains chercheurs avancent que l’augmentation des cas de TDAH pourrait aussi refléter cette pression sociale accrue à rester attentif dans des environnements numériques et scolaires de plus en plus exigeants, qui ne sont pas toujours adaptés aux différences.
- Stigmatisation ou Inclusion ? : De plus en plus de voix s'élèvent pour promouvoir une vision inclusive du TDAH, considérant qu’il est essentiel de reconnaître cette diversité cognitive plutôt que de la pathologiser systématiquement. Cela soulève des questions sur la stigmatisation des enfants et des adultes atteints de TDAH dans les systèmes éducatifs et professionnels qui ne tiennent pas toujours compte des différences neurodéveloppementales.
Le point de vue de la neuropsychophysiologie
Avant de pénétrer plus avant dans les détails du Système Tonico-Ventilatoire (STV), il est essentiel de comprendre la neuropsychophysiologie, qui étudie les interactions complexes entre le cerveau, le corps et les systèmes physiologiques. Cette discipline cherche à expliquer comment les processus neurobiologiques et psychophysiologiques influencent le comportement, la cognition et les émotions, en intégrant les fonctions vitales comme la respiration, la posture et la régulation émotionnelle. Elle met en lumière le rôle du système nerveux dans la coordination de ces fonctions pour maintenir l'équilibre et le bien-être général.
La neuropsychophysiologie : Un lien essentiel entre le Corps et le Cerveau
Le cerveau, souvent considéré comme le centre de commande du corps, repose sur une intégration constante d'informations provenant de différents systèmes physiologiques. Ces interactions incluent des éléments clés comme la respiration, la posture, le tonus musculaire, ainsi que le sommeil, qui assurent la coordination des mouvements et la stabilité posturale tout en soutenant le développement cérébral.
Ces interactions inter systémiques, reliant le tonus, la posture, la respiration, le sommeil et les processus cognitifs, sont au cœur de nos recherches en neuropsychophysiologie. Elles nous guident dans la conception d’approches éducatives et rééducatives adaptées aux enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux (TND), tels que le TDAH.
En travaillant sur la régulation de ces systèmes, nous visons à améliorer la régulation cérébrale, en optimisant l’oxygénation, la coordination motrice, et la synchronisation des différentes fonctions du cerveau.
Le sommeil, en particulier, joue un rôle clé dans la consolidation des apprentissages et la régulation des émotions, tout en facilitant la réparation neuronale. Un déséquilibre dans l’un de ces systèmes peut affecter l'ensemble du développement neurocognitif de l'enfant, justifiant ainsi une approche holistique dans la gestion des TND comme le TDAH.
Le Système Tonico-Ventilatoire (STV) : Un Pilier du développement cérébral dans le TDAH
Pour comprendre pleinement comment le Système Tonico-Ventilatoire (STV) influence le développement cérébral, en particulier dans le cadre du TDAH et de ses comorbidités fréquentes (TDA, TDAI, TOP, TOC, HPI, TAG), il est essentiel d'explorer son rôle neurophysiologique. Le STV joue un rôle central dans la régulation des fonctions motrices, cognitives, et émotionnelles, en impactant directement l’équilibre global de l’enfant.
I. Composants structurels du STV
Le STV est un réseau complexe de structures neuromusculaires qui régulent non seulement la respiration et la posture, mais influencent également les fonctions cérébrales.
1. Le Diaphragme :
Le diaphragme est le principal muscle de la respiration. Sa contraction assure une inspiration profonde, stabilise la cage thoracique, et équilibre les pressions intra-abdominales et thoraciques. Il est crucial pour maintenir une oxygénation cérébrale optimale, en particulier pendant le sommeil, et facilite des processus cognitifs tels que la concentration et la mémoire.
2. Les Muscles abdominaux et pelviens :
Ces muscles soutiennent la stabilisation corporelle et facilitent la coordination entre la respiration et le mouvement. Ils sont essentiels pour maintenir une posture stable et jouent un rôle important dans la gestion des émotions, notamment via la régulation du système nerveux autonome.
3. Le Plancher lingual :
Les muscles de la langue sont essentiels pour la ventilation nasale, qui assure une oxygénation continue du cerveau. Un tonus lingual adéquat empêche le collapsus pharyngé, prévenant ainsi des troubles respiratoires comme le SARVAS ou l'apnée du sommeil. Cela a un impact direct sur les troubles cognitifs et comportementaux observés chez les enfants atteints de TDAH.
4. Les muscles dilatateurs du pharynx :
Avant chaque contraction du diaphragme, ces muscles se contractent pour maintenir les voies respiratoires ouvertes, évitant ainsi le collapsus pharyngé. Cela est crucial pour assurer un flux d'air optimal et une bonne régulation des cycles de sommeil, en particulier lors des phases de sommeil paradoxal.
II. Mécanismes neuromoteurs et Développement cérébral
Les mécanismes neuromoteurs du STV assurent une coordination fluide entre les fonctions corporelles et cérébrales, influençant directement les processus cognitifs, émotionnels et moteurs.
1. Coordination entre respiration et fonctions cognitives :
Une respiration efficace assure une oxygénation constante du cerveau, essentielle à la régulation des ondes cérébrales. Une respiration synchronisée avec les mouvements du corps améliore la concentration et la réactivité cognitive, deux fonctions souvent perturbées chez les enfants atteints de TDAH.
2. Posture et intégration motrice :
Le tonus postural est directement lié à la stabilité émotionnelle et aux capacités cognitives. Une mauvaise posture, souvent liée à un déséquilibre du STV, aggrave la fatigue cognitive et affecte l'attention et la gestion des émotions, exacerbant ainsi les symptômes du TDAH
3. Le STV dans la régulation du sommeil :
Le STV joue un rôle de tout premier plan dans la régulation des cycles de sommeil, en particulier durant le sommeil paradoxal, phase essentielle à la consolidation des apprentissages et à la régulation émotionnelle. Un dysfonctionnement du STV peut perturber cette régulation, aggravant les symptômes cognitifs et émotionnels.
III. Ventilation nasale exclusive : Oxygénation et thermorégulation cérébrale
Une ventilation nasale exclusive est essentielle pour garantir une oxygénation optimale et une thermorégulation cérébrale efficace, particulièrement chez les enfants souffrant de TDAH.
1. Importance de la Ventilation nasale :
Le nez filtre, humidifie et réchauffe l'air, permettant une meilleure absorption de l'oxygène par les poumons et une meilleure oxygénation du cerveau. Cela est directement lié à des fonctions cognitives telles que la mémoire et l’attention, qui sont souvent altérées en cas de mauvaise respiration.
2. Thermorégulation cérébrale :
Le nez joue également un rôle crucial dans la régulation de la température du cerveau, particulièrement pendant le sommeil. La ventilation nasale permet de maintenir une température cérébrale stable, essentielle pour la réparation neuronale et la consolidation des apprentissages.
IV. Conséquences d'une Ventilation orale (buccale) prolongée
1. Impact sur la muqueuse pituitaire (membrane qui tapisse les fosses nasales et les sinus de la face) :
La respiration buccale perturbe les mécanismes de filtration et de thermorégulation assurés par le nez, aggravant les risques d’inflammations chroniques de la muqueuse pituitaire. Cela augmente la sensibilité à des affections telles que l’asthme, les allergies, et la congestion nasale chroniques.
2. Hypertrophie des amygdales et végétations :
Bien que l’hypertrophie des amygdales soit souvent perçue comme une cause de la respiration buccale, elle est généralement une conséquence de cette mauvaise ventilation. L’ablation des amygdales peut améliorer la respiration de façon symptomatique, mais sans rééducation du STV, le problème persiste.
V. Éducation de la posture : Une CLÉ pour l’Apprentissage moteur et cognitif
La posture joue un rôle fondamental dans l'optimisation des apprentissages moteurs et cognitifs. Une posture corrigée permet de stabiliser le tonus musculaire et d’améliorer la concentration.
1. Stabilité posturale :
Une posture stable est essentielle pour maintenir l’équilibre et faciliter les apprentissages moteurs. Cela permet à l’enfant de gérer ses ressources cognitives sans interférence, favorisant ainsi un meilleur contrôle moteur et une attention accrue.
2. Impact sur la Respiration :
Une bonne posture favorise également une respiration plus fluide, améliorant l’oxygénation du cerveau. Les méthodes comme la méthode Guillarme ou l’utilisation de dispositifs tels que le Froggy Mouth selon un protocole spécifique permettent de corriger le déséquilibre postural et respiratoire.
Conclusion
Le Système Tonico-Ventilatoire (STV) joue un rôle central dans la régulation des fonctions cognitives, motrices et émotionnelles chez les enfants atteints de TDAH et de comorbidités associées. Une rééducation intégrée du STV, basée sur plusieurs modalités de biofeedback, dont le biofeedback respiratoire, la posture, et le neurofeedback, permet de rétablir un équilibre neurophysiologique, améliorant ainsi le développement global de l’enfant.
Les Solutions de la Neurothérapie Intégrative
1. Évaluation initiale par EEGq :
Si l'analyse de l'EEGq corrélé aux résultats du Questionnaire Sommeil et Proprioception montre que le trouble du sommeil est prépondérant, il est alors primordial de commencer par l'éducation et la rééducation du STV (système tonico ventilatoire), qui sont directement liées à la qualité du tonus, de la respiration et du sommeil. La respiration et la posture sont des éléments que l'enfant et ses parents peuvent travailler quotidiennement à la maison, en association avec les séances de biofeedback sous la supervision du praticien.
2. Biofeedback respiratoire : Une première étape essentielle :
Le biofeedback respiratoire se concentre sur la rééducation du STV, ce qui est souvent une intervention de premier plan, notamment pour rétablir une respiration non paradoxale. Cette rééducation respiratoire peut être pratiquée quotidiennement à la maison et apporte des bénéfices à la fois pour la régulation du sommeil et pour la stabilité posturale pendant la journée.
Des outils comme la méthode Froggy Mouth ou la méthode Guillarme peuvent être mis en place immédiatement, car ils ne nécessitent pas de supervision constante du praticien.
3. Combinaison Biofeedback et Neurofeedback :
Une fois la respiration stabilisée ou en parallèle, il est courant de combiner le biofeedback avec le neurofeedback EEGq. Le neurofeedback est souvent introduit lorsque des états de suractivation cérébrale liés aux troubles d'hyperactivité, de concentration, ou des dysfonctionnements cognitifs sont identifiés via l’EEGq. Le neurofeedback permet à l’enfant de mieux réguler ses ondes cérébrales, renforçant ainsi les résultats obtenus avec le biofeedback respiratoire et le biofeedback de cohérence cardiaque. Un programme standard peut inclure environ 20 séances combinant ces deux méthodes.
4. Interventions éducatives et rééducatives :
Parallèlement à ces interventions, il est indispensable d’ajouter des stratégies éducatives et rééducatives, tant pour l’enfant que pour ses parents. Ces stratégies visent à renforcer les apprentissages, l'autorégulation émotionnelle et à soutenir le développement scolaire et social. L'accompagnement parental est central pour s'assurer que les parents comprennent et soutiennent le processus de rééducation, tout en abordant leurs propres défis émotionnels, notamment la culpabilité ou le stress lié aux symptômes du TDAH chez l’enfant.
Une évaluation de suivi permet ensuite de mettre en lumière les bénéfices mesurables obtenus grâce aux interventions. En analysant les progrès en termes de régulation du sommeil, de réduction de l’hyperactivité, et d’amélioration des capacités attentionnelles, il devient possible d'ajuster le programme. Cette évaluation permet de déterminer si les objectifs initiaux ont été atteints, tout en identifiant les aspects qui nécessitent encore un suivi. À ce stade, une phase de consolidation peut être mise en place pour stabiliser les nouveaux comportements acquis et optimiser leur intégration dans la vie quotidienne de l’enfant.
Parallèlement, la surveillance continue de ces nouveaux comportements et compétences permet de s'assurer qu'ils sont bien ancrés, et que l'enfant parvient à les maintenir de façon autonome, sans retomber dans des schémas dysfonctionnels. Cette phase peut inclure des rappels réguliers avec les parents et l'enfant, ainsi que des ajustements en fonction des besoins émergents, afin de favoriser une réadaptation durable et personnalisée.
Complexité des solutions pour les parents : Une approche systémique et accessible
L'accompagnement des parents dans la gestion du TDAH de leur enfant doit prendre en compte non seulement l’efficacité des solutions proposées, mais aussi leur faisabilité pratique, tant en termes de temps, de coût que d’accessibilité. Si des méthodes comme le neurofeedback ou le biofeedback sont prometteuses, elles peuvent également s’avérer coûteuses et difficiles à mettre en place pour certaines familles, ce qui limite leur accès aux soins.
L’approche la plus couramment proposée — le neurofeedback seul — peut en effet sembler une solution onéreuse et parfois hasardeuse. Elle ne prend pas toujours en compte la nécessité d’une approche globale et intégrative qui inclut également le biofeedback et des méthodes éducatives adaptées. Cette approche purement neurofeedback repose souvent sur des séances nombreuses et coûteuses, sans offrir de perspective sur la rééducation du Système Tonico-Ventilatoire (STV) ou la gestion des compétences socio-émotionnelles, ce qui peut limiter les bénéfices à long terme.
En proposant une approche systémique et précoce, qui intègre non seulement le neurofeedback mais aussi le biofeedback respiratoire et des interventions éducatives et rééducatives adaptées, on peut favoriser une meilleure accessibilité aux soins.
En effet, le biofeedback respiratoire et les exercices éducatifs peuvent être effectués quotidiennement à la maison avec un encadrement minimal après une formation initiale. Cela permet de réduire le nombre de séances coûteuses en cabinet, tout en offrant des outils concrets et pratiques aux parents pour accompagner le développement de leur enfant au quotidien.
Cette approche progressive et intégrée permet d'optimiser les résultats en combinant des outils à la fois accessibles et personnalisés pour chaque enfant, tout en soulageant les parents d'une charge financière trop lourde. De plus, cela renforce l’engagement des parents dans le processus de remédiation, puisqu’ils sont activement impliqués dans les exercices à domicile et bénéficient d’un accompagnement continu.
En résumé, une prise en charge précoce et systémique du TDAH, combinant neurofeedback, biofeedback, et méthodes éducatives, offre non seulement des solutions plus complètes, mais également des options plus accessibles et efficaces pour les familles.
1. Neurofeedback dans le traitement du TDAH : Études scientifiques et critiques
- Arns, M., Heinrich, H., & Strehl, U. (2014). Evaluation of Neurofeedback in ADHD: The long and winding road. Biological Psychology, 95, 108-115.
Cette étude évalue les résultats de l’utilisation du neurofeedback EEG dans le traitement du TDAH. Elle met en lumière les aspects prometteurs mais aussi les limites méthodologiques des essais cliniques, soulignant que, bien qu’il y ait des résultats positifs, des protocoles rigoureux sont nécessaires pour prouver son efficacité au-delà d’un simple effet placebo. - Micoulaud-Franchi, J.A., Geoffroy, P.A., Fond, G., & Rizzo, F. (2015). Neurofeedback in ADHD: A meta-analysis of clinical efficacy. European Child & Adolescent Psychiatry, 24(1), 49-58.
Cette méta-analyse montre les bénéfices potentiels du neurofeedback dans la réduction des symptômes du TDAH mais relève également la nécessité de mieux standardiser les critères de formation des praticiens et de développer des études supplémentaires avec des groupes contrôles. - Van Doren, J., Arns, M., Heinrich, H., Vollebregt, M.A., Strehl, U., & K Loo, S. (2019). Sustained effects of neurofeedback in ADHD: A systematic review and meta-analysis. European Child & Adolescent Psychiatry, 28(3), 293-305.
Cette revue systématique et méta-analyse explore la durabilité des effets du neurofeedback sur les symptômes du TDAH. Les auteurs concluent que des effets positifs peuvent être observés mais insistent sur la formation spécialisée des praticiens et sur l'importance de combiner cette approche avec d'autres techniques éducatives et rééducatives.
2. Critiques méthodologiques et limites du neurofeedback
- Thibault, R.T., & Raz, A. (2017). Neurofeedback: The power of psychosocial therapeutics. The Lancet Psychiatry, 4(9), 685-686.
Cette critique souligne que le neurofeedback repose souvent sur un conditionnement opérant mais que ses résultats peuvent être biaisés par des facteurs psychosociaux. Les auteurs argumentent que l'interaction entre le praticien et le patient joue un rôle crucial dans les résultats, et que cette méthode ne peut être considérée comme un traitement pharmacologique avec un effet démontré contre placebo. - Pigott, H.E., & Cannon, R. (2014). Neurofeedback is the Best Available First-Line Treatment for ADHD: What is the Evidence for this Claim? Child & Adolescent Psychiatric Clinics of North America, 23(4), 687-704.
Cet article critique les revendications selon lesquelles le neurofeedback serait le traitement de première ligne pour le TDAH, soulignant qu'il reste nécessaire d'obtenir des preuves plus solides et standardisées. Il plaide pour un usage intégré avec d'autres formes de thérapies, y compris les techniques comportementales et les approches psychoéducatives.
3. Biofeedback et Approches Éducatives : Complémentarité et accessibilité
- Yu, L.C., Mathias, K.E., & Miller, K.A. (2016). Biofeedback for stress management: A randomized controlled trial. Applied Psychophysiology and Biofeedback, 41(1), 47-54.
Cet essai randomisé examine l'efficacité du biofeedback dans la gestion du stress et l’autorégulation émotionnelle, en lien avec les troubles attentionnels. Il propose que les méthodes de biofeedback respiratoire puissent être utilisées de manière complémentaire au neurofeedback pour améliorer la gestion de l’anxiété chez les enfants et les parents. - Strehl, U., Birkle, L., & Worz, H. (2015). Combining neurofeedback and educational interventions: Evidence-based strategies for ADHD treatment. NeuroRegulation, 2(3), 110-121.
Cet article propose une approche combinée de neurofeedback, biofeedback, et interventions éducatives pour traiter le TDAH. Il démontre que les bénéfices sont renforcés lorsque ces méthodes sont intégrées, et insiste sur l'importance d'une éducation et formation rigoureuses des praticiens pour maximiser l'efficacité.
4. Formation des Praticiens en neurofeedback et biofeedback
- Lubar, J.F. (2003). Neurofeedback for the management of attention-deficit/hyperactivity disorders. In Handbook of Neurofeedback.
Lubar, un pionnier du neurofeedback, souligne que le succès de cette approche dépend largement de la formation rigoureuse des praticiens. Il insiste sur l’importance d'une connaissance approfondie des processus neurophysiologiques et de la capacité du praticien à enseigner des techniques de conscience corporelle et d'auto-évaluation à ses patients. - Gevensleben, H., Holl, B., Albrecht, B., Vogel, C., & Rothenberger, A. (2009). Is neurofeedback training effective in children with ADHD? Journal of Child Psychology and Psychiatry, 50(7), 780-789.
Les auteurs abordent la nécessité d'un programme de formation complet et standardisé pour les praticiens de neurofeedback, en soulignant l'importance d'un accompagnement conscient des enfants dans leurs apprentissages introspectifs et leur sentiment d’auto-efficience.
Ces références montrent clairement que le neurofeedback et le biofeedback doivent être intégrés dans une approche globale pour être efficaces. Les critiques scientifiques relèvent souvent des problèmes méthodologiques et de l'absence de preuves robustes dans certains contextes, mais soulignent aussi l'importance de la formation des praticiens et l'intégration avec des méthodes éducatives pour obtenir des résultats durables. Une approche systémique qui combine ces méthodes est ainsi plus accessible et potentiellement plus efficace pour les enfants atteints de TDAH.
La majorité des études disponibles sur le neurofeedback et le biofeedback sont souvent orientées par une approche diagnostique basée sur les critères du DSM-5, focalisée sur la symptomatologie des troubles comme le TDAH. Ce cadre, bien qu’utile, tend à isoler les symptômes sans nécessairement tenir compte d’une approche plus holistique et psychophysiologique, qui intègre les connexions entre les aspects cognitifs, émotionnels et corporels.
L’Association for Applied Psychophysiology and Biofeedback (AAPB) propose une perspective plus large, en intégrant la physiologie corporelle et en soulignant l’importance des interactions corps-esprit dans la gestion des troubles neurodéveloppementaux. Les approches de la psychophysiologie appliquée mettent l'accent sur la régulation de systèmes corporels comme la respiration, la posture, et l'activité cardiaque, dans le traitement des troubles mentaux et comportementaux, ce qui est souvent négligé dans les études uniquement axées sur le DSM.
Voici quelques points à prendre en considération :
1. Approche psychophysiologique et Corps-Esprit
- Contrairement aux recherches basées sur les critères stricts du DSM-5, l’AAPB se concentre sur la psychophysiologie, en expliquant comment les symptômes cognitifs et comportementaux sont liés à des dysfonctionnements physiologiques. Par exemple, dans le cas du TDAH, l’AAPB examine les interactions entre le Système Tonico-Ventilatoire (STV), la respiration, et l'oxygénation cérébrale, des éléments qui ne sont généralement pas pris en compte dans les études traditionnelles de neurofeedback.
2. Intégration Corps-Esprit dans la psychophysiologie
- Le DSM-5 a tendance à catégoriser les symptômes de manière isolée, sans explorer la manière dont le corps et l’esprit interagissent pour influencer les troubles. En revanche, l’AAPB et la psychophysiologie appliquée intègrent des méthodes comme le biofeedback respiratoire, cardiaque ou électrodermal, pour travailler directement sur ces systèmes corporels. Cela inclut par exemple le travail sur la rééducation respiratoire dans les troubles de l’attention, qui peut influencer directement la cognition et l'émotion.
3. Une formation plus approfondie et multidisciplinaire
- L’approche préconisée par l'AAPB, qui combine biofeedback et thérapies éducatives, nécessite une formation rigoureuse des praticiens pour bien comprendre ces connexions entre corps et esprit. Un praticien formé à la psychophysiologie appliquée ne se limite pas à un travail sur les ondes cérébrales via le neurofeedback, mais inclut également la rééducation posturale, la régulation des réponses émotionnelles via le biofeedback, et des interventions comportementales.
4. Manque d’intégration dans la recherche standard
- Malheureusement, la majorité des recherches disponibles sur le neurofeedback se concentre principalement sur les symptômes comportementaux du TDAH (hyperactivité, inattention) définis par le DSM-5, et ne prend pas en compte la complexité du corps humain. Ce qui manque, ce sont des études qui explorent la globalité de l’individu, intégrant des dimensions comme le tonus musculaire, la ventilation, le sommeil et la régulation émotionnelle, toutes influencées par la psychophysiologie appliquée, et actuellement promues par des organismes comme l’AAPB.
Pour conclure :
Les recherches axées sur le DSM-5 sont limitées dans leur capacité à traiter le TDAH et d'autres troubles neurodéveloppementaux dans une perspective holistique. C’est pourquoi il est essentiel de promouvoir une approche intégrative qui repose sur la psychophysiologie et qui inclut des aspects comme la respiration, la posture, et les réponses corporelles, pour une meilleure prise en charge des patients, comme le propose l’AAPB et des centres de formation spécialisés tels que l'Institut Neurosens.
Cela permet de faire le lien entre les méthodes d’apprentissage conscient (essai-erreur, sentiment d’auto-efficience, introspection) et les techniques neurophysiologiques de biofeedback et neurofeedback, qui ne doivent pas être vues comme des solutions isolées ou magiques, mais comme faisant partie d’une approche systémique et transdisciplinaire.